Portrait

Portrait n°4 : Stéphanie Lambin

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Stéphanie a été confiée à la Maison d'enfants Notre Dame et au service Apparté, elle nous présente son parcours et ses réussites.

Enfant, vous avez été confiée à l’ASE, et avez vécu à la Maison d’Enfants Notre Dame, gérée par Acolea. Quel âge aviez-vous lorsque c’est arrivé ?

J’ai été placée à mes 9 ans pendant deux ans. Je vivais à Notre-Dame et je rentrais chez moi les week-ends. Puis après de 16 ans à 18 ans, j’ai été à nouveau placée, j’étais au service Apparté (ce sont des appartements, comme des colocations supervisées par des éducateurs). Nous sommes autonomes et les éducateurs viennent une ou deux fois par semaine, on gère nos courses, nos repas, nos rendez-vous et nos papiers.

Quels sont les principaux souvenirs que vous garderez de cette période de « placement »?

Comme ce sont deux différentes périodes j’ai deux ressentis différents, le premier placement a été dur, j’étais petite, enlevée à ma famille et me retrouver à vivre avec 15 enfants c’était pas évident, alors que le deuxième placement je l’ai vu un peu comme une chance, une délivrance, c’était un système différent et j’étais assez indépendante.

Quels conseils donneriez-vous aux enfants concernés par une mesure de protection de l’enfance ?

Comme on est placé en foyer on a un peu l’impression que notre avenir est dicté, que notre seule manière d’avancer c’est « de suivre ce que l’Etat nous dit » et c’est faux, par exemple il y a plein de moyens de pouvoir aller à l’université et des bourses pour les plus grands, et il y a plein de structures mises en place, il faut trouver ce qui nous passionne et pour réaliser ce qu’on aime il faut faire des sacrifices, pour arriver à faire ce qu’on veut par la suite.

Il faut avoir confiance en soi et ne pas se dire que parce qu’on est placé on y arrivera moins que les autres, même si c’est dur on peut y arriver ! Mon autre conseil ce serait de lire, l’école en général nous donne une mauvaise vison de la lecture car c’est obligatoire, pour moi ça m’a beaucoup aidé, il faut trouver ce qu’on aime, quel genre de livre et ça peut également être un moyen d’échappatoire. Par exemple aller au musée qui est gratuit pour les moins de 18 ans, aller à des expositions, les bibliothèques, il y a beaucoup de moyens de se cultiver.

Il faut également être curieux de tout, on emmagasine plein de connaissances que l’on peut utiliser dans le contexte scolaire, ce qui m’a beaucoup aidé pour l’obtention de mon bac.

L’école n’est pas le seul moyen de réussir et il n’y a pas besoin de faire de longues études, les notes surtout ne dictent pas nos connaissances, ce n’est pas parce qu’on n’a pas de bonnes notes qu’on est « mauvais »!

Vous avez réussi votre scolarité avec beaucoup de succès et même obtenu une mention très bien au baccalauréat.

D’après-vous, qu’est ce qui explique votre réussite  ?

L’école a toujours été un refuge pour moi, comme à la maison c’était compliqué. J’ai appris plein de choses, et j’ai toujours aimé apprendre. L’école était pour moi l’endroit béni, ma situation familiale ne m’aidant pas, il fallait absolument que je me débrouille pour moi-même, pour réussir et être heureuse la seule façon d’avoir un bon avenir c’est l’école, parce que je sais que je dois me débrouiller toute seule.

 Quels conseils donneriez-vous aux professionnels qui travaillent dans les structures de protection de l’enfance?

Je pense qu’il faut pousser les jeunes à être confiants, les écouter et leur rappeler que notre enfance un peu compliquée ne définit pas qui on va être et qu’on peut y arriver ! Il faut également toujours être dans la bienveillance.

Quels sont vos projets aujourd’hui ?

Aujourd’hui je suis en licence de sciences sociales, j’aimerais ensuite faire un Master en histoire dans l’enseignement pour être professeur d’histoire, dans les collèges et lycées.

 

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