Le premier anniversaire du « Service d’Alternatives aux Poursuites Judiciaires » pour mineurs primo-délinquants

Le Service d’Alternative aux Poursuites Judiciaires a vu le jour en Septembre 2022 sur demande de la Direction Territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse Rhône & Ain.

Pour dresser le bilan, on vous explique ce qu’il se passe concrètement depuis 1 an dans ce nouveau service du secteur Justice des Mineurs.

Le travail du SAPJ est de mettre en place des mesures suite à la réception de réquisitions de la part des maisons de Justice et du Droit. Les jeunes, primo-délinquants doivent reconnaître l’acte et accepter de faire la mesure pour éviter les poursuites judiciaires et le passage devant un juge.

Les réquisitions prennent la forme d’un stage ou d’une mesure de réparation, choisies en fonction du délit et du profil du jeune. Il existe quatre thématiques de stage : généraliste, prévention routière, prévention stupéfiant et « moi et les autres ».

FOCUS MESURE DE RÉPARATION

Partenariat avec l’épicerie solidaire, L’Epi San Prio, à St Priest Bel Air.

Cette collaboration a été mise en place en Octobre 2022, initialement pour accueillir 2 jeunes de St Priest pour leur action de bénévolat, en réparation indirecte du délit commis.

La rencontre entre Mme Vincent, directrice de l’épicerie solidaire et M. Douhi, éducateur spécialisé fut si naturelle et bienveillante que le partenariat n’eut aucun mal à se lancer et à se pérenniser !

La réparation des délits à travers des mesures de réparation permet aux jeunes de découvrir d’autres domaines de compétences, de s’intéresser à de nouvelles choses.
Ce partenariat a même mené des jeunes à penser une formation de magasinier ou dans la logistique, à la suite de leur intervention à l’épicerie.

La mesure dure plusieurs jours en fonction de chaque jeune selon son insertion professionnelle et scolaire. Pendant laquelle il est accompagné par Mme Vincent et l’éducateur dans ses tâches, et observé dans ses comportements. En fin de mission, un rapport est écrit et relu avec le jeune pour faire le point sur ce qu’il tire de cette expérience et le lien qu’il peut faire avec son passage à l’acte. Un rapport est envoyé à la maison de Justice et du Droit pour signifier la validation ou l’invalidation de la mesure.

Retour d’expérience de Mme Christine Vincent, de L’épi San Prio :

FOCUS STAGE DE CITOYENNETE

Déroulé de ces stages éducatifs et rencontre avec Idrissa qui nous parle de son expérience.

Le deuxième type de réquisition prend la forme d’un stage de citoyenneté, organisé sur 2 ou 3 jours sur les vacances scolaires ou hors vacances scolaires pour les jeunes déscolarisés.

Le but de ces stages est de faire réagir le jeune sur le délit qu’il a commis et ses conséquences. Pour nombre d’entre eux, qui ont souvent un jugement erroné et dédramatisé de ce que sont le droit et la justice, le contenu proposé les confronte à cette réalité et aux risques encourus en cas de récidive. Les thématiques traitées sont en lien avec les délits commis : sécurité routière, stupéfiants, violences, vols…

Ces différents stages sont coanimés par les éducateurs du SAPJ et des partenaires.

Coup de projecteur sur les 3 jours d’un stage autour des stupéfiants :

• Jour 1 : le matin, des associations partenaires organisent des témoignages et retours d’expériences de pairs. Puis l’après-midi, place à expo 13/18, un jeu pour aborder des questions relatives à la justice, les droits et les devoirs de façon interactive et dynamique.
• Jour 2 : un·e psychologue du CSAPA (Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) intervient autour de supports ludiques pour faire participer le jeune à différentes situations.
• Jour 3 :  le matin, les jeunes font des maraudes solidaires et l’après-midi, ils assistent à des comparutions immédiates au Tribunal de Lyon.

À noter que tous ces stages sont organisés en parfaite coordination avec la DTPJJ, qui met aussi à disposition des professionnels pour animer différents types d’activités.

Depuis la création du service, 12 sessions ont été organisées, avec un taux de participation entre 75% et 80%.  Si le jeune ne se présente pas, un rapport de carence est rédigé pour invalider le stage.

On a rencontré Idrissa, un jeune ayant effectué un stage avec le SAPJ :

Est-ce que tu peux te présenter ?

« Je m’appelle Idrissa, j’ai 19 ans. J’ai rencontré Souryia dans le cadre du stage de citoyenneté organisé par ACOLEA. »

Avant d’y aller, qu’est-ce que tu t’imaginais de ce stage ?

« Je pensais que ça allait être ennuyant, que ça allait être long et en vrai ça s’est pas passé comme ça du tout. On a fait beaucoup de choses, on a débattu sur beaucoup de choses et ça a permis de changer d’optique. On voit les choses différemment après »

Qu’est-ce qui t’a vraiment fait changer d’optique ?

«Les activités qu’on a faites, par exemple sur la sécurité routière ou sur les addictions. Aussi on a fait une maraude, ça c’était bien. On est allée voir une comparution immédiate. Ça fait vraiment réfléchir. »

Donc ce stage, tu l’as vécu comment et qu’est-ce que ça t’a apporté ?

« Ben ça fait réfléchir autrement. Avant c’était pas forcément pareil car tu te rends pas compte… S’il n’y a personne qui nous ouvre les yeux sur les choses qu’on fait mal ou qu’on fait bien… On saura jamais… Ça m’a permis de penser différemment et ça m’a appris des choses que je savais pas aussi.

En vrai tout était bien, mais ce que j’ai préféré c’est la maraude. »

Qu’est-ce que tu fais en ce moment ?

« En ce moment je suis à la recherche d’une alternance, pour intégrer une école et faire une alternance dans l’électricité. J’ai eu mon Bac Pro et maintenant je veux passer mon BTS. »

ACOLEA SUR LE TERRAIN