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Entretien

Entretien avec M. Cramoisan, directeur du DITEP LA BERGERIE et Mme Boissie coordinatrice de l’EMAS

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Qu’est-ce qu’une EMAS ?

« C’est une Équipe Mobile d’Appui à la Scolarité qui s’inscrit dans une politique nationale globale de soutien à la question de l’inclusion scolaire des jeunes rencontrant des difficultés. Un appel à projet a été proposé par l’agence régionale de santé en juillet 2020 sur la circonscription de Belleville avec une commande publique assez claire pour soutenir cette logique inclusive.

L’amélioration de la prise en compte des handicaps dans les parcours scolaires des jeunes se joue au sein du milieu ordinaire. Les enseignants dans leur formation initiale et continue sont assez peu outillés sur cette question du fonctionnement des enfants atypiques. L’idée est donc de prendre appui sur l’expertise médico-sociale des territoires et d’organiser et d’accélérer un décloisonnement.

Sur chaque territoire on va avoir des équipes expertes qui ont une boîte à outils, des outils d’analyse et qui mettent en œuvre des outils de compensation chaque jour. Nous organisons le fait que ces équipes puissent venir en aide ponctuellement aux établissements scolaires pour gérer au mieux ces situations. Il s’agit bien d’une aide ponctuelle, on n’est pas dans un dispositif médico-social plus standard où on déclenche un accompagnement qui peut durer plusieurs années. Là on est sur une intervention passerelle pour essayer de déverrouiller des situations ou de permettre à des équipes d’obtenir des clés de lecture sur le fonctionnement de certains enfants.

Comment ça fonctionne ?

C’est l’équipe éducative qui saisit le dispositif pour une situation individuelle ou collective, soit pour des besoins de formation ou de sensibilisation. Ce sont les enseignants qui sollicitent l’EMAS par l’intermédiaire des directeurs ou les chefs d’établissements pour les collèges et lycées : ça peut être de la maternelle au lycée. Il faut toujours qu’il y ait l’accord pour le primaire de l’IEN ou de l’IENASH et la sollicitation peut également venir d’eux.

Dans un second temps, nous demandons toujours une rencontre avec l’équipe éducative et ensuite on voit s’il y a besoin d’observation en classe, si on peut déjà leur fournir des éléments, quels sont les acteurs, comment se passe avec la famille, etc.

Les principales missions sont des missions de formation et de sensibilisation sur un trouble – en ce moment on est beaucoup sur le questionnement du trouble du comportement et des conduites – ou alors sur des formations un peu plus centrées sur les AESH. Les premières saisines sont surtout sur des conseils et de l’appui aux équipes éducatives. Quand il y a un élève dans une classe pour lequel c’est très compliqué nous pouvons proposer des aménagements et des outils de compensation ou alors soutenir et accompagner l’équipe éducative. C’est un rôle de coordinateur, mise en lien avec les personnes paramédicales ou médicales et voir comment on peut travailler ensemble.

Quelle est l’articulation de l’EMAS avec le secteur médico-social d’ACOLEA ?

L’EMAS dans l’absolu n’est pas un dispositif parallèle au dispositif ITEP. Le dispositif ITEP de La Bergerie cumule la capacité de proposer une prise en charge en établissement, un accompagnement ambulatoire qu’on appelle le SESSAD et anciennement une équipe mobile ressource qui aujourd’hui s’est fondue dans l’EMAS. Mais il s’agit bien de se dire que toutes ces personnes font partie d’une seule et même équipe et qu’on va faire appel aux compétences nécessaires en fonction des situations ou des formations sur lesquelles nous sommes interrogés. Je pense à notre médecin qui intervient pour le dispositif ITEP, sur une journée de consultation il va pouvoir travailler évidemment avec des enfants en ITEP, SESSAD mais il peut proposer des temps de consultation à des familles dans le cadre de l’EMAS.

On a donc une seule et même équipe qui a des modalités d’intervention différentes et on prend appui aussi sur des prestataires extérieurs notamment sur le champ des thérapeutes. Le mot articulation ne me va pas forcément puisqu’on est fondus dans le pôle médico-social, on est une des cartes du jeu de cartes que le pôle médico-social met en œuvre sur le territoire.

En quoi est-ce un dispositif innovant, original ?

C’est intéressant déjà par les moyens qui lui sont alloués puisqu’on a une enveloppe financière pérenne de 80 000 euros annuel qui nous a permis de pouvoir dédier une personne à plein temps sur ce dispositif et d’avoir des crédits qui nous permettent de faire intervenir psychologues, médecins, neuropsychologues.

Ça officialise également pour les établissements du milieu ordinaire concrètement la possibilité d’avoir accès à un soutien de dispositif médico-social. Il faut savoir que l’EMAS c’est 11 territoires sur l’académie de Lyon qui correspondent à une circonscription de l’éducation nationale. Le territoire couvert par l’EMAS de La Bergerie est exactement le territoire qui est couvert par le DITEP La Bergerie. Il y a une homogénéité, c’est-à-dire que nous avons pu prendre appui sur un réseau qui était déjà un peu installé même si c’est un travail permanent.

Au début c’est un dispositif qui peut paraître intrusif pour l’éducation nationale, c’est une manière complétement différente de fonctionner mais nous remarquons qu’il y a un besoin qui n’est pas comblé, celui d’avoir une expertise et une connaissance un peu aiguisées des troubles. C’est complémentaire avec ce qui existe déjà en primaire comme les RASED et les SESSAD et ça permet aussi de ne pas multiplier les interlocuteurs.

Comment voyez-vous l’évolution de ce dispositif dans les années à venir ?

Si on acte la volonté collective forte de mettre en œuvre une politique inclusive sur le plan scolaire c’est-à-dire de permettre à chaque enfant de pouvoir trouver sa place, d’être en situation d’apprentissage malgré ses différences, ses troubles, les EMAS sont appelés à devenir des acteurs indispensables des territoires. Comme action de soutien, de déblocage et de montée en compétences des équipes pédagogiques.

L’enjeu est d’éviter d’avoir des situations qui se dégradent et qui sont sans solutions à 11-12 ans parce que l’on n’a pas détecté à 4-5 ans alors que les outils existent.

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